Le burn-out est un phénomène que l'on peut voir plus globalement
- épuisement des ressources psychiques et physiques d'un individu qui s'est investi énormément dans son travail ou dans un rôle familial ou social (burn-out parental, burn-out des aidants, burn-out des bénévoles associatifs), jusqu'à mettre en péril sa santé
- épuisement des ressources planétaires suite à la surexploitation de celles-ci jusqu'à mettre en péril de grands équilibres au niveau de la biodiversité, du climat, de la pollution de l'air, de l'eau, de la terre, voire la survie de l'humanité.
Les personnes en situation de burn-out ou souffrant d'éco-anxiété sont les symptômes de dysfonctionnements plus grands, qui peuvent être vus comme des maladies de civilisation
Burn-out et éco-anxiété, un individu malade ou la société ?
La survenance du burn-out est multi-factoriels avec des facteurs propres à l'individu, à l'organisation et à la société dans lequel il évolue
- facteurs individuels : la survenance du burn-out peut être favorisé par des prédisposition personnelles (ex vécu de trauma dans le passé), le rapport au travail ou les valeurs personnelles
- facteurs liés à l'organisation : les contraintes et les charges au travail, les dysfonctionnements managériaux et les conflits au travail, le manque de collectif et de solidarité entre les salariés, des valeurs incohérentes sont autant d'éléments pouvant favoriser l'épuisement professionnel
- facteurs liés à la société : les comportements valorisés socialement (culte de la performance), l'accélération du temps et des changements technologiques et sociétaux, les contextes socio-économiques, forte concurrence et risques de précarité sont également des terreaux à la souffrance des individus.
Alors, effectivement la personne en burn-out est en souffrance, et sa souffrance est aussi le reflet de dysfonctionnements et de facteurs de stress imprégnant les organisations et la société.
Parallèlement, la personne souffrant d'éco-anxiété est d'abord une personne lucide par rapport aux limites planétaires et aux risques que font peser la surexploitation des ressources sur tout le vivant et l'équilibre des éco-systèmes. L'éco-anxiété est le reflet de dysfonctionnements globaux sur nos modes de vie, nos modes de consommation, sur la gouvernance du monde. Une souffrance importante peut être aussi liée à des prédispositions personnelles, à des situations du passé qui viennent se réactiver à l'occasion des évolutions et incertitudes du monde actuel.
Tout comme une personne en burn-out, la situation d'une personne souffrant d'éco-anxiété sera à regarder à plusieurs niveaux : au niveau du vécu individuel en lien avec des situations passées et les valeurs personnelles, et en lien avec l'environnement.
D'ailleurs, plus largement, les personnes en souffrance psychique sont bien souvent le symptôme au sein d'un système plus large, potentiellement dysfonctionnel, que ce soit la famille ou une entreprise, mais qui peut aussi être une communauté ou la société.
En Gestalt-thérapie, nous nous intéressons aux mécanismes de contact entre l'organisme et son environnement, donc nous nous nous intéressons autant à l'organisme et son expérience qu'à l'environnement dans lequel il évolue. On ne peut pas distinguer un individu des groupes dans lesquels il évolue, que ce soit la famille, les communautés ou organisations. Ainsi, nous pourrons regarder quelle la part de responsabilité de l'individu dans ce qu'il vit, et quelle est la part de l'environnement.
Alors, quelles réponses apporter ?
Tout d'abord, dans un cas comme dans l'autre, la souffrance d'une personne est à entendre, à reconnaître, pour qu'elle puisse être apaisée. En cas de souffrance importante, un accompagnement thérapeutique est à envisager.
Ensuite, naturellement, la traversée d'un burn-out ou l'expérience de l'éco-anxiété sont une invitation à l'introspection et à l'action pour les personnes concernées, afin de pouvoir introduire davantage d'équilibre et de respect de soi, de l'autre et du vivant :
- revoir le rapport au travail, les équilibres de vie entre vie personnelle et professionnelle, l'investissement et le sens que l'on souhaite donner à son activité, modifier son rapport aux autres vers une écoute plus authentique et davantage de coopération
- modifier son rapport au vivant, faire évoluer son mode de vie, de consommation et de mobilité, contribuer dans des collectifs (AMAP, associations de préservation de l'environnement...), voire réorienter son activité professionnelle
Chacun a son niveau fait partie du système, y contribue et se faisant, a aussi la possibilité d'influer pour le faire évoluer par son comportement individuel.
Enfin, burn-out et éco-anxiété étant des symptômes de dysfonctionnements plus globaux, les actions individuelles ne sauraient être suffisantes et des actions à des échelles beaucoup plus vastes sont à mettre en place pour remédier à ces maladies de civilisation (réflexion sur le sens du travail en entreprise, investissements environnementaux (par exemple facilitant la mobilité douce ou l'accès à une agriculture respectueuse des sols, de l'air et de l'eau), évolutions dans les comportements valorisés au sein des entreprises ou de la société.... ).
Et si la réponse consistait encore plus simplement à davantage "être" ?
A l'urgence, la précipitation et le faire, privilégier : être, ressentir, laisser émerger ce qui est juste, puis passer à l'action de manière écologique pour moi et pour les autres
A l'avoir, la consommation excessive, l'accumulation, privilégier : être, ressentir, laisser émerger ce qui est juste, et consommer en conscience par rapport à mes besoins et dans le respect de ceux des autres et du vivant
Pour aller plus loin, Global Burn-out de Pascal Chabot