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Anne Ferrand Thérapie - insécurités ? de la peur à la confiance

La sécurité ! un argument, presque un étendard lors des récentes campagnes électorales. Dans le même temps, la thématique de l’insécurité était très présente dans mes questionnements personnels, à l’occasion de décisions de vie.
Alors, de quoi parle-t-on ? Comment vivre avec les incertitudes et bouleversements de notre environnement, tout en conservant un sentiment de sécurité ?

Insécurités ? autant de besoins de sécurité que de personne

La sécurité est un besoin fondamental de chaque être humain. Pour autant, il peut s’exprimer de bien des manières : besoin de sécurité affective, besoin de sécurité alimentaire, besoin de sécurité financière…. Autant de besoins de sécurité que de personnes.
Le sentiment d’insécurité peut être directement lié aux conditions de vie réelles de la personne, mais peut également souvent parler des peurs de chacun, de son histoire de vie, et des événements de l’enfance, voire de l’âge adulte. Ainsi si l’environnement n’a pas été suffisamment sécurisant à un moment donné, la sécurité intérieure n’est pas suffisamment solide et cela peut se traduire par un manque de confiance en soi, une peur de ne pas être accepté, une peur de se différencier, et de bien d’autres manières encore.
Le sentiment d’insécurité peut également émerger à l’occasion d’un changement de vie : aller vers de la nouveauté exige de passer par un temps de déséquilibre, accepter de lâcher du connu et de la sécurité, pour pouvoir faire un pas vers l’inconnu et l’incertitude.

Est-ce que je me laisse gouverner par mes peurs ?

La peur est une émotion puissante pour nous avertir d’un danger et nous mettre en mouvement face à ce danger. En étant traversé par la peur, nos réactions peuvent être la fuite l’attaque, le figement ou le contrôle. Ces réactions sont légitimes et nécessaires en face d’un danger réel.
Elles peuvent toutefois s’avérer disproportionnées et non ajustées à la situation présente lorsque les peurs parlent d’abord de mon histoire de vie et des situations insécurisantes du passé.
Est-ce que je choisis de me laisser gouverner par mes peurs au risque de générer de la violence vis-à-vis d’autrui (l’attaque) ou au risque de renoncer à mes projets (le figement) ? ou est-ce que je choisis de les regarder et d’agir avec elle ?

Retrouver une puissance d’agir pour consolider ma sécurité intérieure

Voici quelques pistes pour accueillir ses peurs et pouvoir agir avec elles
• Tout d’abord, revenir à ici et maintenant. Prendre un temps de pause pour respirer, écouter les sons qui viennent à moi, regarder l’environnement qui m’entoure, ressentir mes appuis, mes pieds sur le sol, mon corps sur un siège, m’intéresser aux sensations qui émergent de mon corps. Revenir dans mon corps, revenir dans l’ici et maintenant, c’est déjà faire un pas de côté par rapport au sentiment de peur. La peur est là, présente, et je ne m’identifie plus totalement à la peur.
• Ensuite, regarder mes peurs et mon sentiment d’insécurité : le danger est-il réel, présent et immédiat ? ou uniquement potentiel, dans un avenir plus ou moins lointain ? Dans le premier cas, passer à l’action et trouver du soutien pour me mettre en sécurité est une priorité. Le plus souvent, les peurs sont relatives à ce qui pourrait arriver, potentiellement, plus tard. Alors il est intéressant de regarder comment mes peurs surgissent ? comment elles sont activées en résonance avec des événements insécures du passé ?
• La peur peut aussi émerger à l’occasion de cet autre, que je ne connais pas, individu ou groupe inconnu. La tentation peut être grande de diaboliser l’autre (moi « gentil », toi « méchant »), de ne plus le considérer dans toute son humanité, mais uniquement par préjugé, laissant la porte ouverte aux outrances langagières et à la violence. Alors, peut-être puis-je ralentir pour découvrir cet autre : quels sont ses enjeux, ses besoins, ses émotions ? Peut-être ne serons-nous pas d’accord, mais nous pourrons nous reconnaître dans notre humanité et pourrons chercher à coconstruire un vivre ensemble tenant compte de nos besoins réciproques.
Sortir de l’impuissance face à la peur permet aussi de consolider sa sécurité intérieure. Ainsi, identifier ce qui peut nous apporter du soutien et de la sécurité et passer à l’action : créer ou entretenir du lien social qui pourra être soutenant, contribuer à des actions qui ont du sens, se former et s’informer.
• Délicieuse synchronicité ou effet des algorithmes ? Alors que je rédige cet article, je m’octroie une petite pause de lecture sur un réseau social et les deux premiers articles qui apparaissent sont sur le sujet de la peur ! Je le prends comme un clin d’œil pour me rappeler que lorsque je suis dans la peur et le figement, l’environnement est présent pour m’apporter du soutien, pour peu je sois prête à l’accueillir.
• Enfin, la vie est impermanence et perpétuel changement ; à toute période de crise, succède une période de transformation et de renouveau ; le jour succède à la nuit. M’appuyant sur Hölderlin, « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. », je peux entretenir la confiance et l’ouverture vis-à-vis de ce qui va émerger

Pour conclure, je vous invite à aller découvrir le poème La peur de Khalil Gibran qui est venu à moi lors de ma pause sur les réseaux sociaux.

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